Découvrons les Alpujarras et les Morisques
Les Alpujarras sont une région montagneuse du sud de l'Espagne, un enchevêtrement de vallées et de gorges fluviales situées au pied de la Sierra Nevada. Elles sont divisées en deux parties : l'Alpujarra Granadina et l'Alpujarra Almeriense. Cette région invite à l’aventure, que ce soit par la randonnée à travers leurs paysages vallonnés, la dégustation des délices locaux ou un bain relaxant dans leurs sources thermales. La région est connue pour sa beauté naturelle. En raison de son climat doux combiné à d'importantes ressources en eau originaires des rivières de la Sierra Nevada, les vallées des Alpujarras jouissent d'une grande fertilité.
Le nom “Alpujarras” provient de la déformation du mot Arabe “Al-Bugscharra” qui signifie “Terre d’herbe, Terre de pâturages”.


La flore est d'une grande richesse. Les arbres fruitiers abondent : orangers, citronniers, plaqueminiers, pommiers, figuiers, châtaigniers, amandiers et vignes. Cette végétation est particulièrement présente dans la partie occidentale de la région, l'Alpujarra d'Almería étant plus aride. Les Alpujarras nous présente d'impressionnants paysages caractérisés par les amandiers, les vignobles et les terrasses.
En raison de son relief principalement montagneux, ses villages se sont adaptés aux dénivelés. Aussi les maisons s'agencent-elles en étages, orientées vers le sud pour profiter de l'excellence du climat méditerranéen. Les maisons aux toits plats et aux cheminées remarquables datent souvent de plusieurs siècles. Elles donnent l’impression de s’empiler les unes sur les autres, d’où l’aspect caractéristique des villages blancs de cette région. Les rues en pierre et au tracé sinueux invitent à la promenade, dans une ambiance de calme et de sérénité. Dans les Alpujarras, le temps semble réellement s'être arrêté.

Elle présente quelques points communs avec les Cévennes d'un point de vue géographique et même historique !
Le terrain très accidenté comme dans les Cévennes a été aménagé de terrasses sur lesquelles poussent, selon l’altitude, de nombreux arbres fruitiers comme cités auparavant.
Les Alpujarras ont été successivement colonisées par les Ibères, les Celtes, les Romains, les Wisigoths puis par les Maures. Cependant, l'historien arabe Ibn Ragid affirme que la région n'a été conquise par les Maures qu'après la conquête, en raison de l'aspérité du terrain. La colonisation s'est opérée plus tardivement et plus lentement qu'ailleurs.
Cette région a fortement été marquée par la présence des Arabes à partir de 711. Encore aujourd’hui, on voit des traces de leur présence dans l’agriculture, l’architecture, la cuisine, les tapis et la toponymie.
Les Alpujarras ont représenté le dernier refuge des morisques (Musulmans obligés de se convertir au catholicisme entre 1499 et 1526, mais ayant une pratique de façade), autorisés à y demeurer bien après la chute de Grenade en 1492. À la suite de la révolte morisque en 1568, la population fut expulsée d'une région qui leur avait servi de base militaire. Sur ordre de la couronne, deux familles morisques furent tenues de rester dans chaque village pour aider les nouveaux habitants arrivés du nord de l'Espagne à s'installer et à cultiver cultiver les terrasses et maîtrisser l’eau.. Ces villages pittoresques racontent d'eux même leur histoire et reflètent parfaitement encore de nos jours l'influence des Morisques.
En ce qui concerne l'agriculture, la plupart des paysans des Alpujarras élèvent des moutons et des cochons.
Les bovins sont envoyés sur les pentes raides du "barranco", avec les ânes et les mulets. Il est ainsi courant de voir les vaches grimper ou descendre avec grande aisance les éboulis couverts de neige, en quête de brins d'herbe qui ont pu pousser entre les cailloux.
Mille ans auparavant, les Maures pratiquaient déjà la culture en terrasses, la seule vraiment efficace en ces raides vallées des Alpujarras. Ils avaient planté, entre autres, des mûriers et faisaient l'élevage des vers à soie. Les Espagnols ont employé les mêmes techniques pendant des siècles.

Pour rappel
En 740, le Sultan au pouvoir à Séville, fait venir des plants de mûriers, des oeufs (graines) de vers à soie et des artisans connaissant toutes les techniques de cette activité.
Le débarquement a lieu dans le port d’Alméria.
L’élevage des vers à soie, les plantations de mûriers se multiplient et se répandent autour d’Alméria et dans les Alpujarras. Puis la soie remonte vers le nord de l’Espagne à l’occasion de multiples événements.
Les Morisques
Les Morisques sont les Musulmans d’Espagne convertis de force au Catholicisme, suspectés de pratiques clandestines par l’administration espagnole. Les persécutions mises en place par la royauté espagnole vont être conduites avec une redoutable efficacité par l’Inquisition créée dans les années 1478-1482. Les structures de l’habitat, la cohérence familiale expliquent que les Morisques pratiquaient l’Islam dans la clandestinité. Ils respectaient complétement les préceptes de l’Islam, célébraient les quatre grandes fêtes annuelles, observaient les rites du vendredi et terminaient la journée par une fête où l’on jouait de la musique et dansait.
Les Morisques étaient environ 400 000, soit 5% de la population espagnole.
Dans les Alpujarras :
C’est dans le quartier de l’Albaycin de la ville de Grenade que tout commence en 1499, en réponse aux conversions forcées massives des Musulmans à la foi catholique, en violation du Traité de 1491.La révolte se calme rapidement mais dans les montagnes des Alpujarras, la rébellion se propage. En février 1500, 80 000 soldats chrétiens sont mobilisés pour combattre la rébellion. En mars, le roi Ferdinand arrive pour diriger personnellement les opérations. Les rebelles n’ayant ni stratégie ni leader, ceci permet au roi de les battre zone par zone. Les villes et les villages ont été rapidement vaincus. A Lanjar de Andarax, les forces catholiques firent 3 000 prisonniers qu’ils massacrèrent.
Les conduites intolérantes du pouvoir ont incité les Morisques à se révolter :
A Grenade (1568), en Aragon (1586), la révolte prend le sens d’un conflit entre pasteurs montagnards et agriculteurs des vallées et aboutira à la destruction complète d’un village et à une atroce tuerie.
En 1609, le gouvernement constate l’échec des politiques d’assimilation suivies. L’acculturation chrétienne n’ayant pas eu lieu, il décide de l’expulsion d’environ 300 000 Morisques (30 000 Morisques Aragonais passèrent les Pyrénées et furent bien accueillis en France), mais le Parlement de Toulouse en renvoya 9 000 en Afrique du Nord.
Le Chemin de la Soie (GR7 et E4) part des Alpujarras. Entre canaux et culture, à proximité des sommets de la Sierra Nevada, vous découvrirez les villages blancs, l’architecture typique, l’influence Arabe, la cuisine traditionnelle, les eaux minérales, les anciens moulins à eau.
Aujourd’hui, c’est à coups de bulldozers que sont recréés des espaces agricoles.
Vous passerez de la culture des framboises et des kiwis au réputé Jambon de Trévelez, village le plus haut d’Espagne (1 700 mètres).
Tunar est célèbre pour ses activités traditionnelles de tissage, Jubiles pour son commerce de la soie à l’époque Arabe.
Enfin, vous pourrez vous reposer à Langaron, célèbre station balnéaire.
Ce chemin arrive dans les Pyrénées en Andorre et se poursuit dans les Cévennes (Barre des Cévennes).
Il symbolise le parcours suivi par la soie pour arriver dans les Cévennes.