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La Sériciculture en Cévennes

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Définition

La sériciculture est l’élevage des vers à soie, qui sont les chenilles du papillon Bombyx mori. Le terme « sérici » est un élément de mot qui signifie « soie ». Cette pratique inclut plusieurs étapes : la culture du mûrier, l’élevage des vers pour obtenir des cocons, le dévidage des cocons pour extraire le fil de soie, et enfin la filature de la soie.

La sériciculture a une histoire riche et ancienne, remontant à plus de 6 000 ans. Elle est particulièrement associée à la Chine, où elle a été développée et perfectionnée avant de se répandre dans d’autres régions du monde. Vous pouvez en savoir davantage en allant cliquer sur l’onglet « Une histoire millénaire » sur notre site !
La sériciculture et la production traditionnelle de soie pour tissage est inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO en 2022.

Dans quel but pratiquons nous la sériciculture ?

Dans de nombreux pays, la soie est utilisée pour la confection de vêtements. Aussi nous retrouvons de la soie dans des costumes légers, des manteaux, des pantalons, des vestes, des chemises, des cravates, des robes de chambre, des vêtements de détente, des bas et des gants.
La soie est également utilisée pour la dentelle, la papeterie, les draperies, les doublures, les tissus étroits, les sacs à main, le matériel de pêche ou même chirurgical.

Les différentes étapes
et activités essentielles de la sériciculture


Culture du mûrier

les feuilles de mûrier sont la principale nourriture des vers à soie. La culture de ces arbres est donc une étape cruciale.


Élevage des vers à soie

les œufs du papillon Bombyx mori (appelés graines) sont incubés jusqu’à l’éclosion des chenilles, qui sont ensuite nourries avec des feuilles de mûrier. Dans les Cévennes, la maison dans laquelle on pratique l'élevage des vers à soie est appelée magnanerie, du nom occitan de « magnan » donné au ver.


Formation des cocons

les chenilles filent des cocons de soie autour d’elles-mêmes, ce qui est la matière première pour la production de soie.


Dévidage des cocons

les cocons sont trempés dans de l’eau chaude pour ramollir la séricine (la colle naturelle) et permettre le dévidage du fil de soie.


LEAD Technologies Inc. V1.01

Filature de la soie

les fils de soie sont ensuite filés pour produire des fils plus longs et plus résistants, prêts pour le tissage.

Ces étapes sont toutes interconnectées et nécessitent une attention minutieuse pour garantir la qualité de la soie produite.

La Sériciculture en Cévennes

En 1234, à Marseille, sur la liste des marchandises embarquées sur un navire, il est fait état de ballots de soie des Cévennes. C’est la première indication qui fait référence à la production de soie en Cévennes.

En 1296, à Anduze, dans les archives d'un notaire, il est question du métier de trahandier. Le trahandier était celui qui tirait le fil de soie à partir du cocon. La venue des papes à Avignon au début du XIVe siècle introduit la culture du mûrier dans la région.

En 1340, un marchand italien installé à Alès engage cinq trahandiers à Anduze pour qu’ils viennent « tirer »la soie à domicile. Louis XI (1423-1483) veut créer une filature à Lyon, mais les bourgeois de la ville refusent de participer au financement. C'est pourquoi le roi invite des artisans italiens et grecs à s’installer à Plessis les Tours, sa résidence. La ville de Tours compte 8 000 métiers à tisser en 1546 et devient ainsi un centre séricicole plus important que Lyon, Montpellier ou Paris. D'autres mesures sont prises par la royauté, notamment par François Ier, qui signe en 1544 une ordonnance encourageant la culture du mûrier.

Mais c'est surtout Henri IV et son ministre Sully (qui a fait planter des mûriers le long des routes) qui donnent une forte impulsion à la sériciculture grâce aux travaux de son illustre conseiller, l'agronome Olivier de Serres, dans le futur département de l'Ardèche. Des mûriers sont plantés jusque dans le jardin des Tuileries. François Traucat fait planter plus de quatre millions de mûriers en Provence et en Languedoc.

De 1660 à 1671, Colbert met en place une véritable politique de soutien et de développement de l’industrie de la soie. En effet, il y avait des primes octroyées afin de planter des mûriers, des droits particuliers pour s'installer auprès des rivières etc...

Il faut le terrible hiver de 1709, qui gela les châtaigniers des Cévennes ainsi que les oliviers dans tout le midi, pour obliger les agriculteurs à s'orienter vers une nouvelle ressource, la sériciculture. Le mûrier se développe dans les Cévennes et, dans une moindre mesure, en Provence. Michel Darluc parle de champs de mûriers bordant les champs de blé dans la Crau irriguée.
Chaque morceau de terrain est utilisé, on n’hésite pas à « percer le roc » pour y planter un mûrier. Les maisons sont surélevées d’un étage pour y installer des magnaneries. Des filatures s’installent un peu partout même dans des petits villages.

Le paysage cévenol est transformé. Les Cévennes deviennent une terre prospère et riche (même si la richesse est mal partagée).

Une production croissante

De 1760 à 1780, la production de cocons s'élève à environ 7 000 tonnes par an. Le développement s'accentue pour atteindre en 1853 la production record de 26 000 tonnes. Malheureusement, cette progression se fait au détriment des exigences sanitaires. Comme souvent, cette intensification de la production s'accompagne d'une multiplication des maladies touchant les vers à soie. La production de cocons tombe en 1856 à 7 500 tonnes de cocons. M. Jeanjean, secrétaire du comice agricole du Vigan (Gard), écrit : « Les plantations de mûriers sont entièrement délaissées ; l'arbre d'or n'enrichit plus le pays ». En fait, ces maladies sont apparues dès 1849, mais la propagation avait pu être freinée par l'importation de graines espagnoles et surtout italiennes. En 1855, l'Italie ayant été également touchée, les graines importées étaient contaminées, d'où la récolte catastrophique de 1856.
Des graines sont alors importées du Japon et de la Chine, mais les mauvaises conditions de stockage dans les entrepôts à Yokohama ou à Shanghaï, ainsi que la durée du transport, compromettent leur qualité. Des importations sont également faites de Géorgie et du Caucase. Pour maintenir l'activité des industries de filage, des cocons sont aussi importés du Japon.

À la suite de nombreuses interventions, le Ministre de l'Agriculture Béhic confie l'étude de ces maladies à Louis Pasteur. Ce dernier hésite à accepter cette mission car, selon ses propres termes, il n'avait jamais touché à un ver à soie. Pasteur finit par accepter et se rend le 6 juin 1865 à Alès. Il étudie, dans les Cévennes (Gard et Ardèche), deux maladies en particulier : la pébrine et la flacherie. Après 5 ans de travaux, il propose une méthode de prophylaxie et publie en 1870 un livre intitulé Étude sur la maladie des vers à soie, dédicacé à sa majesté l'Impératrice.
Grâce à ses travaux recommandant l'utilisation de graines saines, le développement de la pébrine est enrayé, mais la production ne progresse pas et se stabilise entre 8 000 et 10 000 tonnes de cocons.

En effet, d'autres facteurs entrent en ligne de compte : résistance de la flacherie, ouverture du canal de Suez d'où une concurrence étrangère plus forte, développement dans le midi de cultures plus rémunératrices (fruits et légumes dans les plaines et vignes sur les coteaux) et apparition des fibres synthétiques.

En 1891, la sériciculture est à l'origine d'un événement pittoresque et festif. L'élevage du ver à soie utilisait des feuilles de papier perforé de petits trous ronds. Monsieur Lué, administrateur du Casino de Paris, se procura des chutes de ces feuilles de papier. Elles furent utilisées comme projectiles dans un bal masqué donné à l'occasion du Carnaval de Paris. Ainsi fut lancée la vogue mondiale du confetti en papier, prodigieuse à ses débuts et que nous connaissons toujours aujourd'hui.

Après le bouleversement de la guerre de 1914-1918, la production se stabilise entre 3 000 et 4 000 tonnes de cocons puis, à compter de 1924, elle continue à décroître jusqu'à 500 tonnes à la Libération. Pendant la Seconde Guerre mondiale, un bref renouveau se manifeste pour la fabrication des parachutes. Une affiche éditée par le Ministère de l'Agriculture demande aux paysans français d'élever des vers à soie avec pour slogan : « Des parachutes français tissés avec de la soie française ». Malgré cela, la production continua à baisser pour ne devenir qu'anecdotique.

En 1960, c’est le début des années noires pour les Cévennes. Les châtaigniers sont en friche, les écoles ferment faute d’élève, les usines abandonnées parsèment le paysage, les dernières lignes de chemin de fer sont désaffectées, presque tout est à vendre.

L’élevage du ver à soie n’est plus pratiqué que dans quelques écoles et par quelques nostalgiques.

Des essais de relance

Une première relance a été conduite par Édouard de Cazalet à Molières-Cavaillac (Gard) au profit d'un centre d'aide par le travail (CAT). Les résultats n'ont pas été convaincants.

Une autre expérience débute en 1972 à Monoblet. Une ancienne magnanerie est remise en état et l'Association pour le Développement de la Sériciculture (ADS) en Cévennes est créée. En 1978, année de fermeture de la station séricicole d'Alès, l'ADS lance sa première campagne de production. Quelques agriculteurs se mobilisent et produisent une tonne et demie de cocons. Le projet se développe et reçoit des aides du Conseil général et du Conseil régional.
Toutefois, la production reste très faible.

De nos jours, la soie fait partie de la mémoire cévenole. Cette activité ayant été pratiquée dans le moindre petit hameau, de nombreuses traces sont encore visibles, plantations de mûriers, magnaneries restaurées en maisons d’habitation, filatures

Quelques petits élevages sont encore pratiqués dans certaines écoles (Florac, Saint-Martin-De-Lansuscle). Deux musées : le musée de la soie à Saint-Hippolyte-Du-Fort et le musée cévenol au Vigan, présentent des collections intéressantes d’outils, de machines et de productions. À Saint-Jean-Du-Gard, la filature de Maison Rouge, rénovée en musée des Vallées Cévenoles, présente à la fois des collections, des animations et des vidéos sur l'héritage culturel de la vie en Cévennes.

La relance est aujourd'hui assurée grâce à la start up Séricyne, qui dans le village de Monoblet, au cœur du parc régional des Cévennes, a des champs de mûriers, une magnanerie et un atelier de production de soie. Cette manufacture œuvre depuis plusieurs années pour la renaissance d'une soie française naturelle, au sein d’un territoire dédié au bio.

A Monoblet, une ancienne filature a également réouvert récemment.

Conditions techniques de l'élevage

Élever quelques chenilles de Bombyx pour obtenir des cocons est chose facile, mais il n'en est pas de même pour l'élevage d'un grand nombre de vers à soie : il faut alors respecter des conditions d'hygiène rigoureuses pour prévenir les diverses maladies. Avant de filer son cocon pour se transformer en chrysalide, le ver à soie subit quatre mues. L'espace de temps compris entre ces mues successives a reçu le nom d'âge. Le ver à soie passe donc par cinq âges successifs.

La graine : incubation et éclosion

La première condition qu'exige l'éducation du ver à soie est le choix de la graine. On doit rechercher une couleur gris cendré. La fabrication de la graine étant une opération délicate, des établissements spécialisés ont été agréés conformément à la loi du 7 mars 1944 afin de produire des souches saines.

La mise en incubation doit être effectuée à la mi-avril, époque à laquelle les bourgeons de mûriers commencent à s'épanouir. Les conditions d'une bonne incubation sont :

  • Une chaleur douce s'élevant régulièrement de 1 à 2 degrés par jour jusqu'à 23 °C et sans jamais redescendre.
  • De l'air pur et sans cesse renouvelé, indispensable à la respiration très active des œufs à ce moment.
  • Une légère humidité pour éviter le dessèchement de la graine.

Pour réaliser cette incubation, les graines étaient autrefois placées dans des sachets, ou nouets, qui étaient portés par les femmes sous leur vêtement ou déposés dans une pièce chauffée telle que celle où se trouve le four du boulanger. Il est évident que les conditions précédentes étaient mal respectées. La meilleure solution est de recourir à une couveuse ou incubateur dont le type classique en France est le castelet des Cévennes.

La durée de l'incubation est en général d'une quinzaine de jours, l'approche de l'éclosion est annoncée par un changement de coloration de l'œuf qui devient blanchâtre. L'éclosion dure 3 à 4 jours. Pour enlever les jeunes vers éclos, on place sur les œufs un morceau de tulle sur lequel on dispose des feuilles de mûriers coupées en fines lanières. Les jeunes larves passent à travers la toile pour manger les feuilles qui, une fois garnies de vers, sont placées sur des claies.

Égalisation et espacements des vers

Pour faciliter la conduite de l'élevage, il importe que les vers évoluent de la même façon, c'est-à-dire qu'ils muent et fassent leur cocon en même temps. Il faut donc que les derniers nés évoluent un peu plus vite pour combler leur retard. Pour cela, ils seront mis aux endroits les plus chauds de la magnanerie.

L'espacement des vers est un facteur qui influe énormément sur l'état sanitaire, et donc sur le rendement. Il faut compter pour les chenilles du 5e âge, environ 2 m² de claies pour 1 gramme de graines.

Délitage

Il faut débarrasser les vers de leurs déjections et des feuilles souillées, sans les toucher de crainte de les meurtrir. Cette opération appelée délitage est effectuée, après chaque mue, par les vers eux-mêmes au moyen de feuilles de papier trouées ou de filets à maille plus ou moins serrée selon leur grosseur et que l'on dispose au-dessus des chenilles. Les vers passent au travers des mailles pour venir chercher des feuilles fraîches qu'on leur a distribuées au-dessus. Le délitage terminé, la vieille litière doit être enlevée avec précaution pour ne pas disséminer les poussières contenant de nombreux germes.

Alimentation

Il faut donner à manger aux vers peu à la fois et souvent, soit 4 fois par jour. Les repas doivent être donnés à heures régulières. Les vers mangent avec plus d'avidité et profitent mieux de la nourriture qui doit être répandue uniformément. Pour 25 à 30 g de graines on estime qu'il faut distribuer, pendant les 32 jours que dure en moyenne l'élevage, environ 1300 kg de feuilles à répartir de la façon suivante :

Quantité de feuilles nécessaires :

AGEDUREE MOYENNE (JOURS)POIDS DES FEUILLES (kg)
1er5 à 66
2ème4 à 518
3ème6 à 7120
4ème7 à 8250
5ème8 à 10900
TOTAL30 à 361300

Encabanage

Vers le 8ème jour après la 4ème mue, l'appétit des vers diminue et on les voit se déplacer rapidement, leur corps devient jaune ambré. On dit que le ver est mûr. L'éleveur dispose des rameaux de bruyère en formant une sorte de galerie ou cabane de 50 cm de large et d'une profondeur égale à la largeur de la claie. La chenille monte dans ces branchages pour procéder à la formation de son cocon. Le maintien de la température est nécessaire pour que le ver puisse d'abord faire son cocon, puis se transformer en chrysalide. Il arrive que deux vers s'unissent pour faire un même cocon : il y a alors formation d'un cocon double contenant deux chrysalides. À la place des bruyères, on peut utiliser des hérissons plastiques.

Conditions physiques de l'élevage

Aération

Le renouvellement de l'air dans lequel vivent les vers joue un rôle capital souvent négligé dans le passé. Dans les locaux d'élevage l'air est rapidement vicié par la respiration des vers et se trouve de plus pollué par la fermentation des litières. Un renouvellement fréquent de l'air est une nécessité absolue. Une ventilation énergique est plus particulièrement indispensable quand le temps est orageux et que l'air reste stagnant dans la magnanerie.

Température

La pratique a montré que la température la plus favorable se situe entre 22 et 24 °C. Les vers redoutent beaucoup les variations brusques de température.

Lumière

La lumière est indispensable aux vers à soie, qui vivent normalement en plein air. En revanche, il est indispensable d'éviter les rayons directs du soleil.

Prévention des maladies du ver à soie

Bien respecter les conditions techniques et physiques de l'élevage ne suffit pas à assurer une bonne récolte, il faut également respecter une bonne hygiène. Les moyens de lutte contre les maladies sont uniquement préventifs, à savoir :

  • Une désinfection générale des locaux et du matériel avant et après l'élevage.
  • Un maintien des vers dans la plus grande propreté avec un changement fréquent et régulier des litières.

Les maladies qui peuvent atteindre les vers à soie sont : la muscardine, la pébrine, la flacherie et la grasserie.